Chômage des jeunes : où en est-on ?
« Si le chômage est un problème majeur pour la France (plus de 10% en 2015), le segment des jeunes actifs non qualifiés est particulièrement touché. » C’est en partant de ce constat que Stéphanie Delestre, fondatrice de la plateforme de recrutement Qapa.fr, propose d’étudier la situation du chômage des jeunes. État des lieux.
Des inégalités dues aux diplômes
Stéphanie Delestre s’appuie sur deux rapports qui établissaient déjà un constat alarmant sur la situation des jeunes sur le marché de l’emploi pour en chercher les causes.
Selon l’Observatoire des Inégalités en janvier 2015, le taux de chômage des non diplômés est presque trois fois plus élevé (17%) que celui des personnes qui disposent d’un diplôme niveau bac + 2 (6%). Chez les non diplômés de moins de 29 ans, le taux de chômage n’est pas loin de 40%.
Quant à l’enquête Génération 2004 menée par le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq) sur l’insertion des jeunes, elle montre que 2/3 des jeunes non diplômés sont entrés très jeunes dans la vie active (18 ans en moyenne). Durant les trois premières années de leur vie professionnelle, 53 % d’entre eux ont passé plus de six mois au chômage et 36 % plus de un an durant les trois premières années de leur vie professionnelle. Même après trois ans, près d’un tiers était toujours au chômage.
Une vérité en ressort : les jeunes sont plus touchés par le chômage s’ils ne possèdent pas ou peu de qualifications.
Les clefs d’explication du phénomène
L’insertion des non ou peu diplômés fait l’objet de nombreuses politiques publiques et mesures prises pour y remédier, comme l’allègement des charges ou du coût du travail. Comme le précise Stéphanie Delestre dans sa tribune, l’objectif doit être de diminuer la sélectivité dont le marché du travail fait preuve à l’encontre des non diplômés.
Mais les diplômes jouent toujours un rôle de signal. Sans ou avec peu de diplômes, les travailleurs sont perçus comme faiblement productif par les employeurs et risquent donc ne pas pouvoir être embauchés, surtout si le salaire minimum imposé sur le marché est supérieur à cette productivité.
Un autre type d’explication peut être avancé, selon Qapa, c’est celui des imperfections informationnelles : coûts de collecte et de traitement de l’information, asymétries d’information entre offreurs et demandeurs, limitations cognitives des individus, asymétries d’offre et de demande par exemple.
Des fonctions d’appariement permettraient de formaliser mathématiquement la rencontre entre un flux d’offres de salaire émanant des entreprises et un flux de demandes d’emploi. Car il ne faut pas oublier que les imperfections informationnelles apparaissent comme des facteurs frictionnels significatifs qui seraient la cause des 900.000 emplois inoccupés chaque année. C’est en ce sens par exemple que Pôle Emploi a décidé de passer au tout numérique en mars 2016 et a créé sa plateforme Emploi store.
> A lire : L’article de Stéphanie Delestre sur Qapa News
> A lire : l’article de la Fondation Travailler Autrement sur la révolution digitale à Pôle Emploi