Intrapreneuriat, un concept méconnu
C’est en 1978 que ce néologisme, né de la fusion des termes anglophones intracorporate et enterpreneurship, apparaît dans le livre Intra-Corporate Entrepreneurship d’Elizabeth et Gifford Pinchot III. Issue d’une réflexion descriptive plus que d’une véritable découverte, cette appellation désigne les projets innovants portés par les salariés au sein de l’entreprise dans laquelle ils travaillent.
37% des salariés français déclarent vouloir se mettre à leur compte, selon un sondage OpinionWay. Ce chiffre n’a jamais été aussi haut. Si les Français ne se lancent pas, c’est en partie par peur de l’échec. L’intrapreneuriat, soit l’idée d’entreprendre en interne de l’entreprise dans laquelle on travaille, peut s’avérer intéressante.
Une démarche co-constructive
L’intrapreneuriat repose sur l’association entre des employés et l’entreprise dans laquelle ils sont salariés, dans le but de réaliser un projet entrepreneurial innovant. Les collaborateurs peuvent ainsi prendre appui sur les ressources de l’entreprise, aussi bien humaines, techniques que financières.
Dans un contexte économique de plus en plus compétitif, l’intrapreneuriat se présente comme une solution alliant flexibilité et sécurité. Et cette recette permet aux grandes entreprises de rester compétitives face aux start-ups et autres pépinières.
Gestion entrepreneuriale en interne, les tenants d’une telle démarche
L’innovation est une nécessité pour les entreprises aujourd’hui. Pour rester compétitif, il faut savoir innover, et rapidement. Or les grandes entreprises souffrent généralement d’une organisation assez rigide, avec des processus longs : une décision doit passer un grand nombre d’étapes intermédiaires, avec validation des services et des hiérarchies en aval.
L’intrapreneuriat permet aux salariés de mener un projet en autonomie et ainsi de s’épargner des longs délais de mise en oeuvre. Cette opportunité d’entreprendre permet de renforcer l’engagement des collaborateurs et d’utiliser une source d’innovation sous-exploitée. Cet aspect n’est pas anodin ; selon une étude récente, seulement 5% des salariés français se disent fortement engagés et très satisfaits dans leur travail, quand la moyenne mondiale est à 13%!
La rétention des talents est un autre avantage pour l’entreprise qui, grâce à cette démarche, peut garder des collaborateurs. D’un autre côté,c’est une opportunité pour les salariés qui n’osent pas se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, surtout lorsqu’on connait la difficulté du marché aujourd’hui : seules 30% des autoentreprises sont pérennes après trois ans.
Révélateur de talents
L’entreprise française de biscuiteries Poult, dont Jérôme Introvigne a été le directeur de l’innovation, se place en France parmi les entreprises les plus inspirantes sur les modes de management. Jérôme Introvigne rappelle que les modèles de type néo-taylorien, qui riment avec compétition et contrôle, ne sont plus adaptés. Le véritable moteur d’une entreprise aujourd’hui repose sur sa capacité à innover. Pour le PDG, Carlos Verkaeren, tout un chacun dans une entreprise a un potentiel innovateur. En 2011, les biscuiteries se sont lancées dans entrepreneuriat en créant une pépinière interne qui recueille les projets des salariés.
Outre-Atlantique, de grands groupes comme Google ont placé cette pratique au cœur de leur modèle et permettent à leurs employés d’utiliser 20% de leur temps pour développer leurs projets. Cette démarche séduit beaucoup les jeunes diplômés en quête d’innovations et de sécurité dans leur travail. C’est sans surprise qu’au classement annuel des 50 entreprises les plus attractives mondiales (Universum Global), Google reste indétronable depuis cinq ans.
Le risque : un départ de l’entreprise
Global entrepreneuship Monitor souligne que 21% des intrapreneurs souhaitent partir de l’entreprise pour monteur la leur d’ici à trois ans. De manière plus pragmatique, nombreux sont les projets avortés au stade du business plan, au gré des changements stratégiques de l’entreprise.
> A découvrir : Le livre blanc sur l’intrapreneuriat du Crédit Agricole
> A lire : L’interview [en anglais] de Gifford Pinchot III pour Inc