Article de revue – Capital financier, capital humain et transition vers l’indépendance : l’enseignement des liens intergénérationnels (Dunn & Holtz-Eakin, 2000)
L’article « Financial Capital, Human Capital, and the Transition to Self‐Employment : Evidence from Intergenerational Links » publié par le Journal of Labor Economics s’interroge sur les facteurs socio-économiques pouvant expliquer la transition de salariés vers l’indépendance. Il démontre que, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, la transmission d’un capital financier familial a bien moins d’effet que la transmission d’un capital « humain » dans le choix de quitter le salariat.
A partir du constat de l’importance grandissante des indépendants et des entrepreneurs dans l’économie, ainsi que de la volonté politique d’encourager les transitions du salariat vers l’indépendance, l’article se propose d’étudier certains facteurs socio-économiques pouvant encourager cette transition.
Les auteurs étudient pour cela une série statistique impressionnante, puisqu’ils ont suivi l’évolution de carrière de plusieurs échantillons d’âges différents de 1968 à 1981 au Royaume-Uni, avec une douzaine de recueils de données sur la période pour chaque échantillon.
Leurs constats sont implacables. Tout d’abord, la détention directe d’un capital financier n’a, pour ainsi dire, aucun impact sur la décision de passer du salariat à entrepreneuriat. Le fait que les parents disposent d’un capital financier semble corrélé à un effet légèrement plus marqué, sans pour autant que ce soit véritablement significatif. Mais surtout, la variable qui a le plus d’effet sur la décision de devenir indépendant, c’est le fait qu’un ou deux des parents aient eux-mêmes eu une expérience de l’indépendance au cours de leur carrière.
Les auteurs parlent en conséquence de l’importance du « capital humain » dans la décision d’être indépendant, bien plus que toute considération financière.
Cette affirmation ne fait toutefois qu’ouvrir un champ de questionnement encore plus vaste : qu’est-ce donc que ce « capital humain » propice à la transition vers l’indépendance ? Est-ce des compétences, des attitudes, un rapport au risque, un ethos ou encore autre chose ? Cela, la source de données exploitées par les auteurs ne saurait y répondre.
> Pour consulter ou télécharger le document : http://www.journals.uchicago.edu/doi/10.1086/209959
> A lire également sur le site de la Fondation Travailler autrement :
Rapport – Les compétences pour le travail indépendant (Skills for self-employment – UKCES, 2011)