Automatisation, numérisation et emploi : le rapport du COE
Si l’emploi s’est beaucoup transformé au cours de ces derniers siècle, il continue d’augmenter au fil du temps. Depuis janvier 2017, le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) a consacré trois rapports à l’observation de l’impact de la révolution numérique sur l’emploi. Le travail de fond du COE a permis d’établir un diagnostic global et prospectif sur ces sujets. Quels sont les principaux enseignements ?
Tome 1 : impact sur la structure, le volume et la localisation de l’emploi
Il ressort de ce premier tome que l’enjeu est moins la « fin du travail » que la transformation des emplois. Ainsi, les auteurs soulignent que les machines ne sont capables de reproduire que des tâches et non de mobiliser des compétences, autrement dit, d’exercer des métiers :
- moins de 10 % des emplois actuels présentent un cumul de vulnérabilités qui menace leur existence,
- les emplois actuels verront leur contenu se transformer profondément, mais dire que 50 % des emplois vont disparaitre sous le poids de l’automatisation n’est pas fondamentalement vrai.
- la vague technologique actuelle continue de favoriser l’emploi qualifié voire très qualifié et pourrait par ailleurs mener à relocaliser un certain nombre d’emploi en France.
Tome 2 : impact sur les compétences
Dans ce tome, les auteurs souhaitent poser un diagnostic des compétences susceptibles d’être demandées et de la mettre en perspective avec les compétences actuelles présentes dans la société française. Il s’agit ici d’ajuster les compétences des actifs aux besoins d’une économie en mutation :
- les trois groupes de compétences seront demandés : les compétences techniques, les compétences expertes et des compétences transversales.
- il existe à ce jour une pénurie de ces compétences au regard des besoins des entreprises de demain.
- l’urgence se porte, selon les auteurs, sur les compétences numériques générales, cognitives, sociales et situationnelles : 13 % des actifs en emploi sont en difficulté sur les compétences cognitives, et 30 % pourraient progresser pour disposer de meilleurs atouts.
Les auteurs prônent une amélioration des compétences, des certifications et une meilleure utilisation de celles-ci. Ils proposent en outre de place la transition numérique et l’automatisation au cœur du dialogue social et de renforcer le rôle des partenaires sociaux. Ils proposent également un « Grenelle des compétences » et une gouvernance adaptée.
Tome 3 : impact sur le travail
Ce tome permet d’établir un diagnostic sur les tendances actuelles d’évolutions des modes d’organisation du travail et leur lien avec les avancées technologiques ainsi que leurs implications sur les situations des personnes au travail :
- il existe un lien positif entre progrès technologique et organisations flexibles (partage du pouvoir décisionnel, autonomie des équipes, polyvalence…),
- les technologies poussent plus loin encore les usages préexistants à ces nouvelles technologies : les entreprises post-tayloriennes le sont encore plus, les entreprises néo-taylorienne le sont d’autant plus,
- les innovations technologiques et organisationnelles pourront être moteurs d’amélioration de la performance et des capacités d’innovation pour les entreprises mais aussi des situations des personnes au travail.
« C’est aussi un nouveau dialogue sur le travail, son organisation, et son contenu qui apparait désormais nécessaire dans l’entreprise. Ce dialogue doit s’élargir à des questions déontologiques, voire éthiques, pour que les technologies soient au service des hommes et des femmes qui travaillent, non l’inverse ».Marie-Claire Carrère-Gée
> Découvrir les 3 tomes dans leur intégralité sur le site du COE
> Également à lire sur le site de la Fondation Travailler autrement, Accompagner les actifs dans les mutations numériques du travail