3 questions à… James Carlson, co-fondateur de Bucketworks
James Carlson est l’un des premiers créateurs de tiers lieux aux États-Unis. En 2002, il engage la ville de Milwaukee (Wisconsin) dans la conception de Bucketworks, un hub d’éducation interdisciplinaire et “club de fitness cérébral” au service de la capacité d’expression et d’innovation. Bucketworks offre aux personnes et aux communautés un accès à un espace libre et ouvert ainsi qu’à tous les outils leur permettant de mettre en œuvre leurs idées et leurs passions.
Vous avez créé le premier réseau de tiers lieux aux États-Unis, pouvez-vous nous raconter votre histoire ?
J’ai créé le premier tiers lieu aux États-Unis. Un tiers lieu peut être défini comme un espace de travail collaboratif, de partage de ressources et qui réunit plusieurs types de public (artiste, comptables, entrepreneurs, danseurs, avocats, programmeurs, familles…). Le succès fut au rendez-vous, et quand la crise est survenue en 2007-2008, des personnes des villes avoisinantes ont commencé à nous rendre visite pour comprendre comment ils pouvaient fonder un tiers lieu dans leurs propres communautés locales.
Notre tiers lieu devint un modèle et nous avons créé, avec la participation des tiers lieux inspirés de notre initiative, un réseau pour apporter un support, des fonds et de la formation aux futurs porteurs de projets. Nous avons soutenu la création de plus d’une centaine de tiers lieux, dans des communautés allant de 10 000 personnes à des villes comme New-York ou San Francisco.
Selon vous, à quels besoins et attentes doivent répondre les tiers-lieux ?
Chaque tiers lieu doit découvrir la chose dont a le plus besoin sa communauté, dans l’idéal, avant son ouverture. La communauté doit s’investir dans la mise en place du lieu, doit pouvoir se l’approprier et comprendre son utilité.
Développer des compétences, permettre aux chômeurs d’acquérir de nouvelles qualifications, penser différemment, faire autrement… ce sont les plus beaux cadeaux que peuvent nous offrir les tiers lieux.
Beaucoup de communautés ne sont pas conscientes de leur valeur et de leurs atouts. Un tiers lieu peut en cela révéler le potentiel de ces communautés et les guider vers de nouvelles voies.
Qu’est ce qui fait le succès d’un tiers lieux ?
La porte. C’est la plus importante composante « technologique » d’un tiers lieu ! La plupart des gens ne comprennent pas comment le tiers lieu peut améliorer leur vie. La première expérience du lieu, la façon dont l’espace crée un sentiment de bienvenu et atténue la peur : c’est le véritable ingrédient secret qui rend tout possible.
Le deuxième facteur de succès, selon moi, est le porteur de projet. Il s’agit souvent d’une personne dont le charisme et la passion des autres insufflent de la vie au lieu. Cette personne est un pilier indispensable à la communauté, c’est celle qui ouvre la porte et qui permet à ses membres de se dépasser, de faire des choses qu’ils n’auraient jamais essayé. C’est le rôle essentiel du créateur de tiers lieux.
Créer un lieu fort dépend de la force de son facilitateur qui, à travers ses actions, anime la communauté et crée de l’engagement et de la participation.
> Pour voir l’intervention de James Carlson au TEDxMadtown
> Également à lire sur le site de la Fondation Travailler autrement, Mission Coworking – Faire ensemble pour mieux vivre ensemble