Nouvelles données sur les travailleurs de plateforme en Europe
Ce rapport de la Commission Européenne présente les résultats détaillés de la deuxième enquête COLLEEM, qui analyse le travail de plateforme en Europe. Elle présente en conséquence un panorama extrêmement détaillé des pratiques et, en conséquence, des enjeux du sujet.
L’enquête COOLEEM interroge plus de trente mille personnes en Europe sur des sujets professionnels. Elle est donc d’envergure et représentative, couvrant l’ensemble de la population de 16 à 74 ans. Sa récurrence lui permet de plus de montrer les évolutions dans les réponses entre 2017 et 2018 et, enfin, le suivi de répondants de la première enquête permet des analyses longitudinales.
Dans sa seconde vague, en 2018, elle a identifié parmi ses répondants 1,4% de travailleurs de plateforme en activité principale, 4,1% en activité secondaire et 3,1% en activité ponctuelle ou marginale.
Ce premier chiffre est déjà significatif, puisqu’il montre que près de 10% de la population tire des revenus (majoritairement occasionnels ou secondaires) d’un travail de plateforme.
L’étude prend ensuite le temps de présenter de nombreuses statistiques démographiques détaillées sur cette population : répartition par âge, genre, type de plateforme, pays… Si les statistiques sont trop détaillées et nombreuses pour qu’il soit possible d’en faire un panorama ici, elles font par contre de ce rapport un document de référence pour quiconque aurait besoin d’approfondir le sujet.
De même, de nombreuses analyses sur les revenus et les mécaniques de paiements sont présentées. Ces données, rares, sont d’autant plus intéressantes que la communication officielle des plateformes sur les niveaux de revenus de leurs travailleurs est, à tout le moins, sujette à caution.
Le rapport ne laisse pas non plus de côté la question des conditions de travail, souvent problématiques pour ces travailleurs.
De l’ensemble de ces données, le rapport conclut enfin en rappelant les enjeux sociaux et politiques du sujet, que ce soit en matière de réglementation du travail, de protection sociale ou de protection des travailleurs les plus fragiles. S’il ne propose pas de réponse ou de solution, ce n’est pas là son propos, il permet par l’ampleur et la robustesse de ses données de désamorcer toutes les critiques qu’on pourrait faire quant à l’importance du sujet, et montre l’importance de se baser sur des sources rigoureuses et non pas simplement sur une concertation avec les plateformes lorsqu’il s’agira de réfléchir et de mettre en place des politiques publiques.
> Accéder au rapport complet
> Également à lire sur le site de la Fondation Travailler autrement, Les syndicats s’engagent pour la protection des travailleurs indépendants (CES, 2019)