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Cols bleus : vers une plus grande reconnaissance de ces métiers

La crise sanitaire a permis de mettre en avant les cols bleus, ces métiers manuels qui se sont avérés indispensables depuis un an. Cette expression fait référence au bleu de travail que portaient les ouvriers, à l’inverse des chemises blanches portées dans les bureaux. Comment assurer une meilleure prise en considération de cette catégorie de travailleurs ?

Des métiers indispensables et pourtant peu valorisés

Les métiers dits « de première ligne » (les soignants) et les métiers de « seconde ligne » (agents d’entretiens, caissières, livreurs, transporteurs routiers, aides à domicile…) ont été en effet très sollicités, et ont montré à quel point ils étaient essentiels.

Pourtant, les inégalités qui étaient déjà présentes avec les cols blancs se sont accentuées : les cols bleus n’ont en effet pas eu l’opportunité de télétravailler et devaient, comme une partie des cols blancs, continuer de se rendre sur leur lieu de travail, malgré le virus. Comme le dit Aurélie Leclercq-Vandelannoitte, chercheuse au Centre national de la recherche scientifique, « si le télétravail se démocratise, il exacerbe aussi clairement les disparités entre les travailleurs ». De manière plus générale, ces métiers sont en général faiblement rémunérés et pour certains pas assez protégés, alors qu’ils sont parfois dangereux, et qu’ils sont, eux aussi, essentiels au bon fonctionnement de la société.

Des inégalités qui impactent davantage les femmes

Les femmes sont plus touchées par la précarité que les hommes : elles représentent la grande majorité des salariés à temps partiel et, à poste égal, les salariées du privé touchaient en moyenne 16,8% de moins que les hommes en 2017 (source Insee). Ces inégalités s’accentuent avec la crise, puisque les femmes sont surreprésentées dans les secteurs les plus impactés par la pandémie, et qu’elles sont très exposées au virus en effectuant des métiers au contact de la population. En effet, elles sont plus nombreuses dans les métiers de la vente et du care – nettoyage, aides à domicile, soignantes.

De plus, leur charge de travail et leur charge mentale ont été multipliées depuis un an, puisqu’elles effectuent la majorité des tâches à la maison. Pourtant une meilleure participation des femmes à la vie économique aurait un impact positif sur la productivité des entreprises.

Un renversement de la tendance ?

A chaque crise, les premiers emplois menacés par les plans de restructuration sont ceux exercés par les cols bleus. Cette fois, c’est presque la tendance inverse puisque tous les métiers sont menacés : les équipes locales ont su montrer qu’elles étaient résilientes.

Certains militent pour une réévaluation des métiers selon leur utilité. C’est le cas de Laurence Monnet Vernier, Partner Capital Human Transformation des Organisations & Talents chez Deloitte. Selon elle, les critères de reconnaissance (qui permettent d’évaluer la valeur, la rémunération d’un métier), ne prennent pas assez en compte l’utilité sociale. En effet, les critères utilisés aujourd’hui sont les suivants : niveau de qualification et de responsabilité dans l’organisation, place dans la création de valeur pour l’entreprise, nombre de personnes managées… Mme Monnet Vernier propose par exemple d’ajouter à cette liste le critère d’utilité sociale et celui de la contribution à l’expérience client, ce qui permettrait de donner une meilleure reconnaissance à ces métiers de la vente, du soin et de l’aide entre autres.

Critères d’autant plus d’actualité alors que la population attend de plus en plus d’une entreprise qu’elle s’engage, et a donc une attention particulière pour les politiques de soin et de RSE.

> Également à lire sur le site de la Fondation Travailler autrement, #Travail : Le Covid-19 creuse les inégalités entre les hommes et les femmes, Entre bullshit job et job de rêve, où se situent les Français ?