3 questions à… Charles Rozoy, champion paralympique à Londres en 2012
La Semaine pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH) est l’occasion de continuer à faire changer le regard pour permettre aux personnes en situation de handicap d’accéder à l’emploi. L’édition 2021 de la SEEPH se déroule du lundi 15 au dimanche 21 novembre 2021. À cette occasion, nous avons rencontré Charles Rozoy, champion de France du 50m Papillon en 2008 qui, après un accident de moto, se retrouve paralysé du bras gauche et décide de continuer sa carrière en tant que nageur paralympique. Après plusieurs titres de champion d’Europe et du Monde, il réalise son rêve en 2012 en décrochant le titre de champion paralympique du 100 mètres papillon à Londres. Entretien.
L’inclusion sociale des personnes en situation de handicap constitue un enjeu majeur de société. Pensez-vous que la pratique du sport en entreprise peut favoriser cette inclusion ?
Je ne pense pas que la pratique du sport favorise l’inclusion des personnes en situation de handicap, j’en suis sûre. Le sport a des bienfaits exceptionnels pour toutes les personnes qui le pratique que ce soit pour la santé, le mental, la cohésion sociale et pour les personnes en situation de handicap ces facteurs sont amplifiés par la socialisation et le gain en autonomie. Il me semble indispensable d’encourager les entreprises à faire pratiquer une activité physique régulière à leurs salariés ainsi qu’aux personnes en situation de handicap. Paris 2024 est d’ailleurs une réelle opportunité pour mobiliser les équipes dans des challenges internes ou simplement dans la pratique sportive.
De nombreuses entreprises n’atteignent pas le taux d’emploi de 6% de personnes handicapées dans leurs entreprises. Pourquoi ?
Les entreprises qui n’atteignent pas le plafond d’emploi des 6 % ne sont, soit pas intéressées par le sujet et ne cherchent pas à les atteindre car elles préfèrent payer, soit elles n’ont pas créé, ou n’ont pas trouvé le moyen de créer, de dynamique interne pour permettre la promotion des personnes en situation de handicap (PSH). Selon moi, le quota des 6 % permet à toutes les entreprises d’intégrer facilement des personnes en situation de handicap sans diminution de l’efficacité des effectifs. Je suis d’ailleurs régulièrement appelé par des entreprises pour intervenir en séminaire ou autre conférence afin de permettre aux salariés la déclaration (en interne) de leur handicap. J’interviens également sur l’intégration de personnes en situation de handicap sur un poste de travail défini. En effet, les statistiques ne mentent pas, s’il y a près de 20% de personnes en situation de handicap en France, il y a de fortes chances que dans tous les sous-groupes il y ait au moins 6% de personnes en situation de handicap. Le vrai souci est de leur donner une bonne raison de se déclarer car c’est un choix qui a parfois des conséquences sociales notamment pour les personnes en situation de handicap invisible qui représentent plus de 80% des PSH.
Comment remédier à cette problématique ? Avez-vous des exemples ?
Aujourd’hui il existe de nombreuses solutions pour permettre le recrutement de ces personnes à parcours spécifiques, des entreprises de recrutement spécialisées existent et des conférenciers aguerris peuvent encourager les personnes en situation de handicap en interne à se déclarer avec une politique d’entreprise bien définie.
Je me tiens d’ailleurs toujours à la disposition des entreprises qui souhaitent entreprendre une campagne de sensibilisation et d’intégration des personnes en situation de handicap afin d’ atteindre le quota ou même de le dépasser. Cette volonté doit venir de la direction et être clairement appuyée par le président directeur général de chaque entreprise. De nombreuses ressources existent alors n’hésitez plus et lancez-vous… vous ferez des économies et défendrez le bien commun.
> Pour en savoir plus et retrouvez l’ouvrage de Charles Rozoy « Comment j’ai réussi à nager le papillon avec un seul bras sans tourner en rond » aux éditions L’Equipe
> Egalement à lire sur le site de la Fondation Travailler autrement, Diversité, inclusion, égalité des chances : nouveau creuset de la performance économique