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Le guide de l’entreprise du XXIème siècle

« Les robots n’auront pas notre peau ! Ce qui va changer dans l’entreprise à l’heure de l’IA » (Eds. Dunod) traite des principales mutations sociales, économiques et politiques du XXIème siècle et de leur impact sur le monde de l’entreprise. Ecrit avant la pandémie de Covid-19 par Laurent Geneslay et Rasmus Michau, fondateurs de The Bureau, cet ouvrage est aujourd’hui d’autant plus actuel et utile que la crise de ces deux dernières années en a confirmé les diagnostics. Les innovations, tendances, dynamiques et évolutions, observés et décrits par les deux auteurs, se sont en effet vues accélérées de façon subite en 2020 et 2021.

Un constat global sur le travail au XXIème siècle

Le premier objectif de ce livre est donc de partager un constat « sans appel » : « les entreprises qui n’embrasseront pas le changement resteront à la traîne. Elles échoueront à attirer et retenir les talents et se feront dépasser par des concurrents plus productifs » (p.12). Le second objectif est de partager des solutions et des méthodes d’adaptation ainsi que des scénarios de ce à quoi la société pourrait ressembler à l’avenir. Les auteurs nous invitent, avec optimisme, à « rester vigilant quant à l’évolution de la société de demain afin de se positionner et y trouver sa place » (p.157).

Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, ce livre n’est pas centré sur les questions liées à la robotisation de l’économie ou à l’intelligence artificielle bien que le chapitre 7 y soit consacré. La majorité de l’ouvrage concerne davantage les nouvelles formes de travail.

Travailler avec le numérique et les jeunes générations

Le premier chapitre « Les nouvelles façons de travailler à l’ère numérique » traite de la genèse et des bénéfices des outils numériques collaboratifs. Nous les connaissons bien surtout après avoir vécu plusieurs confinements et des méthodes de travail conçues pour améliorer l’efficience dans la conception de produits ou services, ou dans le lancement de start-up (le lean start-up, le design thinking, le test & learn). Surtout, ce chapitre développe une réflexion sur les possibilités de mise en place et l’intégration de ces innovations dans le cadre d’entreprises déjà installées fonctionnant avec les méthodes du XXème siècle.

Le deuxième chapitre s’intéresse aux modes de travail et de fonctionnement intellectuel des jeunes générations, forgées par l’utilisation des nouvelles technologies. Une nouvelle façon d’organiser sa journée, le choix d’une activité professionnelle en fonction du choix de style de vie et ses conséquences sur le travail en entreprise sont les thèmes abordés. Les auteurs fournissent des conseils sur la modernisation du travail et de son cadre et concluent :

« Provocateur, ce livre l’est sans aucun doute ! Ses conseils ne sont pas forcément applicables pour tout le monde, ni pour toutes les professions, et certains n’adhèrent pas à tous ses principes mais il est au moins le reflet d’une chose : les mentalités évoluent et ce genre de discours est tout à fait dans l’ère du temps, celle d’une génération Y qui recherche plus d’équilibre entre personnelle et vie professionnelle et plus de flexibilité dans sa façon de travailler. » (p.64)

Adapter l’entreprise aux clients et aux collaborateurs

Les trois chapitres suivants traitent de l’organisation des lieux de travail, du travail lui-même et de la gestion de l’être-humain au travail. Les auteurs proposent plusieurs formes innovantes d’organisation des bureaux en décrivant les expérimentations d’entreprises pionnières en la matière et le développement des concepts de tiers-lieux et coworking.

Ils donnent également des conseils et exemples d’application des concepts d’entreprise agile, libérée, voire holacratique et pratiquant l’intrapreneuriat. C’est une forme de développement présentant des avantages à la fois pour l’entreprise et ses salariés lorsque ceux-ci ont des projets entrepreneuriaux. Avec le chapitre 5, les auteurs rappellent qu’une entreprise qui réussit est une entreprise qui suscite l’adhésion et la fidélisation de ses employés et de ses clients. D’où la nécessité de construire une culture d’entreprise autours de valeurs et d’objectifs communs.

Cela passe notamment par la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE), le sentiment des collaborateurs de faire un travail qui compte, qui a du sens, dans une entreprise dont la raison d’être leur tient à cœur et qu’ils partagent avec leurs clients. Ainsi, bien que les auteurs paraissent s’enthousiasmer de toutes les mutations du travail, ils ont le mérite de rappeler que ce qui compte c’est l’être humain. La conduite du changement en entreprise doit être opérée au service de son travail et adaptée à sa situation propre. C’est pour cela qu’ils soulignent le rôle du DRH comme celui d’un « futur super-héros de l’entreprise ».

Les auteurs

Laurent Geneslay est diplômé de Paris-Dauphine et de l’ESCP Europe. Il a été trader et banquier d’affaires pendant 16 ans avant de cofonder The Bureau, espace de bureaux partagés à Paris.

Rasmus Michau est diplômé de Sciences Po Paris et de l’INSEAD. Il a travaillé comme responsable marketing chez L’Oréal et consultant en stratégie chez Booz & Co. Il a fondé plusieurs entreprises dont Say Who, Valerian Funds et The Bureau. Il est maître de conférences à Sciences Po.

Pour en savoir plus

Également à lire sur le site de la Fondation Travailler autrement, Comment la crise du Covid-19 a-t-elle accéléré la transformation du travail ?