Le sport : vivier de talents pour un recrutement ?
Lors des phases de recrutement, les entreprises cherchent toujours la perle rare, le profil qui se différenciera des autres. Ce peut être à travers une qualification de plus, une expérience à l’étranger, ou un centre d’intérêt qui sort du commun. Cette dernière catégorie du CV ne doit pas être minimisée, puisqu’elle abrite souvent les meilleures compétences comportementales des candidats, transposables au monde de l’entreprise. Le sport est l’une de ces catégories qui aiguisent l’œil des recruteurs. Petit décryptage…
Les recruteurs sont friands des profils sportifs (…)
Pour une même offre d’emploi, il n’est pas rare de voir s’aligner des dizaines, voire des centaines, de profils similaires. Mêmes types d’études, mêmes diplômes, mêmes expériences professionnelles, compétences techniques similaires, etc. Les recruteurs sont alors friands d’originalité, du pas de côté qui différencierait un candidat d’un autre. Ce petit plus peut se dégager dans les centres d’intérêt, qui en disent long sur la personnalité du candidat. Et parmi ces centres d’intérêt, la pratique d’une activité sportive, plus ou moins à haut niveau, est un nid à soft skills, ces compétences comportementales très prisées des entreprises.
De fait, les compétences douces peuvent faire pencher la balance vers un profil plutôt qu’un autre : à diplômes et compétences techniques similaires, une personne qui a un esprit d’équipe sera privilégiée pour assurer un rôle de manager, là où la ténacité et le dépassement de soi seront nécessaires pour recruter quelqu’un sur un métier physique. Ainsi, un candidat a tout intérêt à mentionner la pratique d’un sport sur son CV, à condition de savoir valoriser et mettre en lien les compétences qu’il y développe avec celles requises pour le poste qu’il convoite.
Alors, quelles compétences comportementales le sport permet-il de développer ?
(…) Dont les atouts sont nombreux
Le sport est une « maison à soft skills », qui varient selon l’activité pratiquée. Ainsi, faire un sport collectif (football, rugby, handball…) développera un esprit d’équipe, ainsi qu’une certaine socialisation et de l’engagement. Les sports de combat (boxe, judo…) permettront de mettre en avant des qualités telles que la concentration, la discipline et la force mentale, là où la pêche et le yoga fomenteront un esprit calme et posé. Quant au candidat qui pratique un sport individuel (golf, athlétisme, course à pied), il démontre qu’il a une grande motivation intrinsèque, là où par exemple les joueurs de tennis et d’escrime auront un esprit tactique, et une capacité à s’adapter et changer de stratégie.
Dans ce sens, les anciens sportifs de haut niveau sont des profils particulièrement intéressants, puisqu’ils ont des valeurs communes au monde de l’entreprise : rigueur, excellence, travail en équipe… Ils savent gérer le stress et faire preuve de résilience pour surmonter les difficultés. De plus, ils sont en recherche incessante d’amélioration progressive. En carrière ou en reconversion, ce sont des candidats à fort potentiel. Interrogée par le Crédit Agricole – son nouvel employeur –, Muriel Hurtis confirme que son passé de sportive de haut niveau (elle a été championne du relais 4×100 mètres en 2003) « lui permet aujourd’hui d’être encore plus efficace dans ses nouvelles fonctions ». Entre recherche de perfection, rigueur, capacités d’apprentissage et d’adaptation face aux difficultés, elle est parée pour se dépasser y compris dans le monde de l’entreprise.
Goût du résultat, de l’effort, compétition, sociabilisation, résilience, force mentale, confiance en soi… Toutes ces compétences sont attendues par les employeurs. La pratique d’une activité sportive est aussi la plupart du temps gage d’une bonne hygiène de vie. En effet, pratiquer un sport permet entre autres de booster son énergie, réduire son stress et relâcher la pression liée aux tensions pouvant émerger dans la vie professionnelle comme personnelle. Cela facilite également l’élimination de toxines, réduit le risque de maladies cardiovasculaires et de diabète, améliore le sommeil, permet de lutter contre la dépression, etc. Tous ces facteurs permettent d’être en bonne santé et de diminuer ainsi le nombre d’arrêts de travail, ainsi que d’augmenter l’engagement et l’énergie des salariés dans leur travail : c’est donc un enjeu de productivité et de rentabilité. Les entreprises l’ont compris et sont de plus en plus nombreuses à développer des solutions de sport au sein même de leurs organisations.
Pass’Sport pour l’Emploi : une initiative qui lie sport et emploi
Ainsi, le monde du sport et le monde de l’entreprise sont liés. Et c’est de cette idée qu’a été créée en 2017 l’initiative Pass’Sport pour l’Emploi, par Thierry Marx (chef étoilé) et Benoit Campargue (chef d’entreprise, ancien sportif de haut niveau en judo et manager de Teddy Riner). L’objectif est de permettre à toute personne éloignée de l’emploi et sensible aux valeurs du sport (rigueur, engagement, régularité) d’accéder à un emploi après une formation courte. Leur conviction : le sport est un « levier d’inclusion sociale, vecteur de santé, de bien-être et d’employabilité ». Pass’Sport pour l’Emploi dispense des formations pour plusieurs métiers : agent de sécurité, technicienne de maintenance, commis de cuisine, préparateur de commandes, gardien.ne d’immeuble, etc. En complémentarité des formations techniques, les cursus intègrent tous un module « Sport & Performance », qui cherche optimise le potentiel mental, physique et professionnel de chacun et chacune.
Ils ont de plus développé des outils d’évaluation comme Evacops, qui permettent de révéler au travers d’ateliers sportifs ses compétences comportementales telles que la confiance, l’autonomie, la connaissance de soi, le dépassement, l’esprit d’équipe, ou encore la persévérance. Toutes ces compétences, une fois identifiées et remises sous forme de cartographie aux candidats, peuvent ensuite être valorisées par eux dans leurs recherches d’emploi. Depuis ses débuts, plus de 500 jeunes ont été soutenus. Les initiatives comme celles-ci cherchent à sortir du système classique de recrutement, et mettre en avant les soft skills, difficilement identifiables en entretien.
Le contexte économique et social évolue. Les mentalités aussi. Les diplômes et titres ne sont pas toujours suffisants. La personnalité et les qualités développées dans sa vie personnelle sont également essentielles dans le monde du travail. Ainsi, pratiquer un sport est un atout pour intégrer le monde de l’entreprise, et doit être mise en avant lors des phases de recrutement. A vos baskets !
> Aller plus loin sur le site de la Fondation Travailler autrement : Pratique sportive en entreprise : levier de productivité et de compétitivité ?, L’activité physique en entreprise, du gagnant-gagnant ?