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Les seniors au défi des sorties précoces de l’emploi…

Chaque réforme des retraites replace au cœur des débats le sujet de l’emploi des seniors. Avec environ 30% des départs en fin de carrière qui ne relèvent pas d’un passage immédiat de l’emploi à la retraite, il convient de s’interroger sur le maintien des seniors dans l’emploi. Ces départs prématurés s’expliquent par trois causes principales : raisons de santé, chômage et inactivité. La note “Fin de carrière des seniors : quelles spécificités selon les métiers ?” du socio-économiste Jean Flamand pour France Stratégie parue le 19 avril 2023 fait une analyse par métier de ce phénomène de départs précoces en fin de carrière, et dévoile une hétérogénéité en la matière.  

Hétérogénéité des départs prématurés

Alors que les sorties précoces de l’emploi pour chômage ou inactivité apparaissent modérément liées à la catégorie socioprofessionnelle, il existe une hétérogénéité frappante au sujet des départs prématurés pour raisons de santé. En effet, l’ampleur des sorties précoces de l’emploi dépend du type de métier. Parmi les quinze métiers aux taux de départs précoces les plus élevés, dix figurent parmi ceux dont les travailleurs déclarent ouvertement “ne pas se sentir capables de faire le même travail jusqu’à la retraite” : on retrouve en particulier les ouvriers et les employés peu qualifiés des secteurs de l’hébergement-restauration, du bâtiment, des services aux particuliers et de la manutention.  

 

Conditions de travail et santé

Si les causes des départs précoces pour raisons de santé peuvent être extérieures à l’activité professionnelle, il existe une relation étroite entre conditions de travail et santé. En effet, l’exposition à une pénibilité physique favorise le retrait précoce de l’emploi avant 60 ans, ce qui explique la surreprésentation des métiers d’ouvriers (manutention, bâtiment, métallurgie, bois, agroalimentaire) et d’employés de services aux particuliers (aides à domicile, employés de maison) et à la collectivité (agents d’entretien).  

Ces métiers encourent un risque accru d’accident du travail, deux fois plus élevé pour les ouvriers que pour les cadres par exemple. Les maladies professionnelles peuvent également jouer un rôle dans le retrait précoce de l’emploi. Les troubles musculosquelettiques, liés aux gestes professionnels qui sollicitent le corps de manière répétée, représentent quatre maladies professionnelles sur cinq et touchent surtout les articulations des membres supérieurs et le dos. Les cas de TMS reconnus sont concentrés dans l’industrie de transformation alimentaire, le gros œuvre, les activités d’hypermarché et de supermarché, l’aide à domicile et certaines activités hospitalières. Cette relation entre départs pour raisons de santé et conditions de travail invite à s’interroger sur les métiers où l’amélioration de ces conditions pourrait contribuer à réduire les sorties précoces de l’emploi et à répondre aux difficultés de recrutement actuelles. 

 

Quelle soutenabilité pour les métiers les plus contraignants ?

Le constat d’une hétérogénéité dans l’ampleur de départs précoces pour raisons de santé selon les métiers révèle un point important : s’il existe une forme de pénibilité inhérente à certains métiers qui usent plus le corps que d’autres, les conditions de travail ont un rôle clé dans l’optimisation du maintien dans l’emploi et en bonne santé d’un travailleur. Cette note, qui constate des améliorations notoires dans certains secteurs d’activité, partage aussi l’idée qu’il faut envisager l’amélioration des conditions de travail comme un moyen de réduire les départs prématurés, donc d’augmenter l’emploi mais aussi d’atténuer les difficultés de recrutement.

Alors que l’espérance de vie rallonge, que la population vieillit et que les actifs sont amenés à travailler plus longtemps, il est primordial de veiller à maintenir dans l’emploi et en bonne santé les seniors, et d’apporter une vigilance toute particulière aux professions les plus exigeantes physiquement.

 

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