Les « Personnes isolées et fragilisées » : un décrochage qui s’aggrave ?
La Fondation Travailler Autrement présente, en partenariat avec le Diot-Siaci Institute, institut de recherche et de réflexion du Groupe Diot-Siaci, et Temps Commun, l’édition 2024 de son étude sur les Invisibles, réalisée par Occurrence auprès de près de 5000 répondants. Parmi ces 11 millions de travailleurs, on distingue 3 catégories. Les « Personnes isolées et fragilisées », majoritairement des femmes, décrochent davantage financièrement que les autres Invisibles et regroupent 8 fois plus de familles monoparentales que chez les autres actifs.
Elles représentent 16% de la population d’Invisibles, et 5,7% de la population active occupée. Cette catégorie de travailleurs est à majorité féminine et peu diplômée.
Quelles contraintes de précarité ?
Les Personnes isolées et fragilisées vivent un réel décrochage financier : en moyenne, elles gagnent 20% de moins que le reste des Invisibles et 60% de moins que les autres actifs. Ainsi, plus de la moitié ne parviennent pas à subvenir à leurs besoins primaires et renoncent ou diffèrent très souvent des soins de santé pour des raisons financières pour 59% d’entre elles (vs 32% pour les Invisibles vs 24% pour les autres actifs). 71% d’entre elles se classifient par conséquent comme modestes ou pauvres (vs 40% des Invisibles vs 20% des autres actifs).
Quelles contraintes de pénibilité ?
Les 2/3 de cette catégorie de personnes travaillent en horaires irréguliers, avec une forte accélération du rythme de travail depuis la pandémie de Covid19 pour 27% d’entre elles (vs 17% pour les Invisibles et les autres actifs). Elles sont de plus particulièrement sujettes aux postures pénibles (32% vs 29% pour les Invisibles et 14% pour les autres actifs) et aux actes de manutention. Le rapport dégradé au management, les ordres et contre-ordres et le sentiment de ne pas pouvoir bien faire leur travail (pour 23% d’entre elles vs 14% des Invisibles et 10% des autres actifs) conduit à provoquer chez elles une forte charge mentale. Ainsi, 60% ne se sentent pas en capacité d’exercer leur activité jusqu’à l’âge de la retraite au vu des efforts demandés (contre 53% des Invisibles et 41% des autres actifs).
Ces personnes se retrouvent très isolées : elles partent moins en vacances, ont moins de loisir, et sont 1/5 à n’avoir personne sur qui compter (contre 14% des Invisibles et 13% des autres actifs).
Quelles contraintes de parentalité ?
Ces personnes sont davantage célibataires alors qu’elles ont plus d’enfants mineurs à charge. Ainsi, 23% d’entre elles élèvent leurs enfants seules, et elles sont 2 fois plus nombreuses que les autres Invisibles, 8 fois plus que les autres actifs, à être en situation de monoparentalité. Cette situation vient alors accentuer toutes les contraintes déjà précédemment évoquées.
Quelles contraintes de temporalité ?
Alors qu’aujourd’hui les travailleurs aspirent à laisser davantage de place aux loisirs dans leur vie et militent dans ce sens pour la semaine de 4 jours, à l’inverse, avec plus de temps, 30% des Personnes isolées et fragilisées travailleraient davantage pour gagner plus d’argent (contre 21% des Invisibles et 18% des autres actifs).
Quelles contraintes de territorialité ?
Elles sont aussi nombreuses que la moyenne des Invisibles à se rendre au travail en voiture, et utilisent donc moins les transports en commun. Pour autant, elles dépensent davantage mensuellement pour les déplacements (123€ vs 121€ pour les Invisibles vs 109€ pour les autres actifs), et moins d’1/3 d’entre elles font systématiquement le plein de carburant à la station-essence (contre 46% des Invisibles et 55% des autres actifs).
Quelles contraintes sur le sentiment d’utilité ?
Enfin, les « Personnes isolées et fragilisées » se sentent utiles mais éprouvent moins de plaisir à exercer leur activité que les autres et sont moins fières de leur profession. Elles sont seulement 52% à ressentir de la reconnaissance professionnelle, contre 62% des Invisibles et 66% des autres actifs.
> Découvrir l’étude : « Les Invisibles – Édition 2024. Des vies sous contraintes », la nouvelle étude d’ampleur de la Fondation Travailler Autrement
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