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Réduire l’absentéisme au travail : une responsabilité partagée pour une meilleure organisation

L’absentéisme est une problématique actuelle qui touche toutes les organisations et tous les secteurs d’activité. Si toutes les absences ne peuvent pas être enrayées aisément, il convient néanmoins de se pencher sur celles qui pourraient être évitées, grâce à des mesures à mettre en œuvre. Les arrêts les plus courts se prêtent davantage à l’action, d’autant qu’ils sont ceux qui, par leur imprévisibilité, désorganisent le plus l’activité d’une entreprise.

L’absentéisme : symptôme d’une organisation défaillante ?

L’absentéisme ne peut se réduire à une addition de comportements individuels, surtout lorsqu’il devient systémique, quel que soit le secteur ou la taille de l’organisation. Comme le soulignent Les Echos, “réduire d’emblée l’absentéisme à une somme de problèmes individuels est un réflexe facile auquel il serait déraisonnable de céder”. Une absence au travail peut soulever différentes problématiques au sein de l’organisation : conditions de travail inadaptées, surcharges de travail, relations professionnelles tendues, manque de sens ressenti par les salariés, intensification du travail – amplifiée depuis la crise du Covid19 -, absence de perspectives d’évolution professionnelle, etc. 

De même, on peut être absent pour des contraintes personnelles (mobilité, logement, parentalité), qui viennent de plus en plus impacter le monde du travail. Par exemple, une femme peut être plus absente qu’un homme pour des problèmes de garde d’enfant ou de responsabilité envers un proche aidant. Dans ce cas, une organisation du travail adaptée en fonction de sa situation, temporaire ou non, pourrait réduire ces absences.

Autant de leviers sur lesquels toutes les parties prenantes de l’organisation peuvent agir !

Une responsabilité individuelle et collective

Pour réduire efficacement l’absentéisme, il est essentiel de reconnaître qu’il s’agit d’une responsabilité partagée entre le manager, l’entreprise, les pouvoirs publics, les équipes, et les salariés absents eux-mêmes. Selon l’ANACT, “c’est en faisant de l’absentéisme un enjeu commun entre les acteurs qu’il devient possible de réduire celui-ci”.

Le manager direct, tout d’abord, a un rôle très important à jouer grâce à sa proximité avec l’équipe. Il doit instaurer un climat de confiance et de dialogue, facilitant la remontée d’informations et permettant de repérer les premiers signes de difficultés du salarié.

L’entreprise, au coeur des décisions, ne doit pas tomber dans les fausses bonnes idées, comme celle de valoriser le présentéisme au détriment de la santé de son salarié, et de la qualité du travail produit (un salarié qui se force à venir alors qu’il ne va pas bien ne fera pas du bon travail, et augmente ses risques d’aggraver sa condition). Ces mesures peuvent avoir des effets sur le long-terme. D’ailleurs, 57% des salariés qui n’ont pas été absents en 2022 ont continué à travailler malgré une maladie (11% d’entre eux redoutaient l’impact sur leur salaire, 7% ne voulaient pas impacter le fonctionnement du service et 5% craignaient pour leur image professionnelle). L’entreprise peut mettre en avant une politique de qualité du travail plutôt que de quantité, afin d’éviter un surmenage qui peut amener à faire des erreurs et impacte la santé physique et mentale. Des solutions concrètes peuvent être envisagées : postes de travail plus ergonomiques (siège de bureau adapté, exosquelette, etc), aménagement des horaires, sensibilisation aux risques psychosociaux, anticipation des parcours professionnels pour éviter l’usure et maintenir l’employabilité des salariés…

Les pouvoirs publics doivent quant à eux soutenir les petites structures qui n’ont pas toujours les ressources nécessaires à la mise en œuvre de politiques de prévention. De même, les fédérations professionnelles, les services de santé au travail, les caisses d’assurance de santé peuvent fournir l’information et les outils nécessaires aux TPE et PME. L’INRS propose ainsi des outils spécifiques aux petites structures.

Enfin, les salariés eux-mêmes doivent être conscients de l’impact de leur absence sur leurs collègues et sur l’organisation dans son ensemble. Ils ne doivent pas hésiter à faire part de leurs difficultés à leurs collègues ou supérieurs afin de trouver des solutions adaptées. Il est dans ce sens crucial d’impliquer les équipes en sensibilisant les collaborateurs sur l’importance d’un environnement de travail sain et sécurisé. Par ailleurs, il est de notre responsabilité collective de dénoncer les abus qui sont très marginaux mais qui entraînent défiance collective et risque au travail.

De multiples solutions pour une réduction de l’absentéisme

Le télétravail par exemple s’avère pertinent, puisqu’il permet de réduire les absences dues à des difficultés temporaires non handicapantes (en évitant le trajet et en permettant un meilleur confort qu’au bureau), des périodes de convalescence (se remettre d’une opération à la jambe), ou de mieux gérer ses obligations familiales (comme décaler ses horaires pour aller chercher ses enfants à l’école). En 2023, 1 salarié sur 4 dans une grande entreprise a choisi de télétravailler plutôt que de demander un arrêt maladie. Mais pour les métiers qui nécessitent une présence physique, et pour les plus petites structures, d’autres idées doivent être explorées. AXA prévoit par exemple jusqu’à 10 demi-journées de congés par an pour “diminuer la charge psychologique et physique” des salariés-aidants. En Normandie et dans le Nord, l’entreprise Transdev a quant à elle vu son taux d’absentéisme réduire significativement avec la mise en place de la semaine de 4 jours.

La prévention des risques psychosociaux est une stratégie efficace. Elle inclut la mise en place de formations au management, un dialogue social ouvert et bienveillant, des formations pour éviter les accidents. Des outils digitaux comme SignalRH permettent aux salariés, via une application, d’évaluer leur bien-être au travail ou de signaler une situation inadaptée. Enfin, on peut souligner des initiatives locales, comme celle de 8 entreprises de Côte-d’Or qui se sont engagées, via une charte, à améliorer la sécurité sur les chantiers.

Plus que tout, il est crucial de procéder à un diagnostic spécifique à chaque entreprise, car les causes de l’absentéisme varient considérablement d’une organisation à l’autre. Ainsi, des solutions sur-mesure pourront être mises en place pour améliorer durablement la qualité de vie au travail et réduire l’absentéisme.

 

> A lire également sur le site de la Fondation Travailler autrement : Absentéisme au travail : de quoi parle-t-on réellement ?, Le travail, c’est la santé ?