Actualité
Infos

Absentéisme : Quelle place pour la médecine du travail ?

Après avoir augmenté de 35% depuis 2019, l’absentéisme repart enfin à la baisse en 2023. Or, la multiplication des absences de courte durée laisse désormais place à des absences moins fréquentes mais plus longues. Face au niveau record de l’absentéisme pour maladie parmi ces arrêts, il est crucial d’interroger la place de la médecine du travail dans la prévention et la gestion des risques.

La santé : un motif majeur d’absentéisme

Le double constat posé par le Baromètre Absentéisme 2023 de Malakoff Humanis du niveau record de l’absentéisme maladie et de la dégradation de l’état de santé des salariés sur l’année 2023 tire la sonnette d’alarme sur les actions de prévention à mettre en place pour préserver la santé des travailleurs.

Toutes durées confondues, la maladie ordinaire reste le premier motif d’absence. Pour les arrêts longs en revanche, les motifs psychologiques et notamment ceux ayant une origine professionnelle arrivent en tête après avoir triplé entre 2020 et 2023, pour atteindre les 31%. L’environnement de travail ainsi que les pratiques managériales sont bien souvent évoqués par les salariés.

En dehors de ce type d’absentéisme qui ne saurait être appréhendé comme une fatalité, une autre réalité pèse sur les chiffres : le vieillissement de la population, et donc de la population active. En effet, l’étude du Groupe VYV avec l’institut Audirep établit un lien de cause à effet entre l’avancée dans l’âge et l’allongement de la durée moyenne des arrêts de travail pour maladie, et prédit une aggravation de l’absentéisme dans les années à venir, notamment chez les seniors, plus susceptibles de souffrir de troubles musculosquelettiques et de maladies chroniques.

Ainsi, ce sont 9% des salariés du privé et des agents de la fonction publique qui ont connu une période d’arrêt de travail de plus de trois mois au cours de ces trois dernières années.

La médecine du travail : un rôle central dans la réduction des risques liés à la santé

L’absentéisme constitue un véritable enjeu des conditions et de la qualité de vie au travail. « À l’ANACT, nous sommes convaincus que le travail lui-même peut être un opérateur de santé, souligne Thierry Rousseau. S’il est bien organisé, les salariés s’absenteront d’autant moins ». L’absentéisme peut en effet être le reflet des difficultés ressenties par les professionnels face au cadre organisationnel qui leur est proposé. Ainsi, le rôle de la prévention est primordial, d’autant que dans 8 cas sur 10, les salariés ont ressenti les signes avant-coureurs de leur absentéisme futur. Toutefois, les managers, les RH et les représentants syndicaux ne sont pas les uniques acteurs de cette action lorsqu’elle concerne l’état de santé des travailleurs.

Le médecin du travail exerce un service de prévention et de santé au travail et conseille l’employeur, les travailleurs et les représentants du personnel sur les mesures nécessaires au sujet des points d’amélioration de l’entreprise en termes de santé et de sécurité (protections, environnement managérial), mais aussi des points inhérents aux travailleurs (addiction, déconnexion). Au-delà de ses actions à visée collective, le médecin du travail peut également proposer des mesures individuelles pour aménager, adapter ou transformer le poste ou les horaires de travail d’un salarié. De telles prérogatives lui permettent de contribuer à la réduction du taux d’absentéisme au sein de l’organisation, en prévenant les troubles psychosociaux ou musculosquelettiques, les accidents du travail et les maladies professionnelles.

En parallèle de cette institution qu’est la médecine du travail, certaines grandes entreprises mettent en place des dispositifs de soutien psychologique et de santé au travail plus généralement. Toutefois, ces initiatives restent souvent hors de portée des TPE et des PME. La loi santé de 2021, qui repositionne la médecine du travail au cœur de la coordination de la santé au travail, pourrait représenter une opportunité pour une meilleure prise en charge de ces entreprises plus petites. 

Ainsi, c’est en combinant efforts organisationnels et soutien médical que les entreprises parviendront à réduire les absences de leurs employés à des motifs exclusivement exogènes. La coordination de tous les acteurs est primordiale pour mener une politique de prévention et de sensibilisation afin d’amoindrir le taux d’absentéisme, mais aussi de gestion réactive lorsqu’une absence survient. La politique de lutte contre l’absentéisme des entreprises doit donc notamment passer par une amélioration des conditions et de la qualité de vie au travail. Et il est de notre responsabilité de valoriser les bonnes pratiques et initiatives constructives.

> A lire également sur le site de la Fondation Travailler autrement : Absentéisme au travail : de quoi parle-t-on réellement ?Réduire l’absentéisme au travail : une responsabilité partagée pour une meilleure organisation, Le travail, c’est la santé ?