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Transition écologique : quand métiers et compétences s’adaptent pour un monde en transition

La transition écologique en cours bouleverse le marché de l’emploi à une vitesse inédite. Ainsi, 24 millions d’emplois liés à la transition écologique seront créés d’ici 2030 dans le monde. En France, certains secteurs vont perdre d’ici 2030 jusqu’à 250 000 emplois, quand 400 000 autres seront créés dans les filières stratégiques. La transition écologique entraîne d’un côté la création de nouveaux métiers (les métiers verts), et impose de l’autre une montée en compétences pour s’adapter aux défis environnementaux (les métiers verdissants). Face à cela, la formation initiale et continue doit être au cœur des stratégies.

Les nouveaux métiers de la transition écologique

D’après le Ministère de la transition écologique, les métiers verts sont des “métiers dont la finalité est directement environnementale”, qui contribuent à mesurer, prévenir et corriger les impacts négatifs sur l’environnement. Ils employaient 141 000 personnes en 2019, soit 0,5% de l’emploi total.

Ces nouveaux métiers incarnent donc des solutions directes aux défis environnementaux. Les Echos ont publié en juillet 2024 un “guide des jobs à impact positif”. Par exemple, un consultant en stratégie carbone aide les entreprises à réduire leur empreinte écologique en les accompagnant dans leur réduction d’émissions de CO2. La transition écologique voit aussi émerger de nouveaux ingénieurs : en énergies renouvelables, en efficacité énergétique des bâtiments, qui pour la première catégorie imaginent des infrastructures capables de remplacer les énergies fossiles, et qui pour la deuxième pensent l’optimisation de la consommation d’énergie des infrastructures pour limiter les pertes et les émissions de CO2. De nouvelles spécialisations émergent également : responsable en économie circulaire, réparateur d’éoliennes, juriste RSE, installateur de pompes à chaleur, constructeur de bâtiments durables, concepteur de recettes durables ou encore cuisinier végétal, etc. D’autres innovations apparaissent au service de la transition écologique, comme l’agrivoltaïque : c’est un système étagé qui associe une production d’électricité photovoltaïque et une production agricole (comme des panneaux solaires surélevés dans une rizière ou faisant de l’ombre à un élevage de moutons).

Ces métiers, qui n’existaient pas pour certains il y a quelques années, sont aujourd’hui indispensables pour assurer prévention et adaptation au dérèglement climatique. Sans nécessairement occuper un métier directement en lien avec l’écologie, l’urgence de la situation actuelle amène à penser différemment les métiers déjà existants, et à développer de nouvelles compétences pour répondre à de nouvelles normes environnementales ou de nouvelles convictions et exigences des entreprises ou des consommateurs.

L’adaptation des métiers existants pour une écologisation du travail

Les métiers verdissants sont des métiers “dont la finalité n’est pas environnementale, mais qui intègrent de nouvelles “briques de compétences” pour prendre en compte de façon significative et quantifiable la dimension environnementale dans le geste métier”. En 2019, ces professions concernaient 3,8 millions de personnes, soit 14% de l’emploi total. Ainsi, selon Frédéric Benay, DG de PageGroup : “il y a un impact de la transition écologique sur tous les métiers de l’entreprise”.

Dans le secteur commercial par exemple, les décisions d’achats ou de ventes ne se basent plus uniquement sur le coût ou la qualité du produit, mais prennent en compte son impact écologique. Une entreprise qui vend des tomates auprès des grandes surfaces doit dorénavant réinventer l’emballage pour réduire l’utilisation de plastiques, et imaginer des circuits courts dans la livraison. Dans la finance, les critères sociaux et environnementaux doivent ainsi être au cœur des décisions d’investissement vert… sans tomber dans le greenwashing. Le domaine de la construction est aussi impacté : les architectes et ingénieurs intègrent désormais des matériaux écologiques et appliquent des principes d’écoconception, quand les ouvriers adaptent leurs pratiques à de nouveaux matériaux. Idem dans le secteur agricole : avec près de ⅔ du territoire français consacrés à la production agricole, l’agriculture est selon l’ADEME “un maillon essentiel de la stratégie nationale bas carbone”.

Au cœur des transformations des secteurs, les ressources humaines. D’après Michael Page, les DRH doivent connaître les bases fondamentales des savoirs sur l’environnement, pour accompagner les salariés dans la formation continue et la transition professionnelle, mais aussi pour répondre aux attentes des candidats sur l’action environnementale de l’entreprise. Alors que certains emplois vont être supprimés par la transition écologique, “le DRH doit à travers son plan de compétences être capable d’anticiper les compétences dont il aura besoin demain et les formations qu’il doit mettre en oeuvre pour accompagner les salariés qui n’auront peut-être plus d’emplois tels qu’ils existent aujourd’hui”. – Frédéric Benay, DG de PageGroup.

Tous ces métiers, bien qu’ancrés dans des pratiques anciennes, exigent de nouvelles compétences et de nouvelles façons de travailler.

La formation, clé de voûte de la transition écologique

L’un des principaux leviers pour réussir la transition écologique repose sur l’école et sur la formation continue. Le Secrétariat général à la planification écologique a chiffré qu’il faudrait former 2,8 millions de personnes d’ici 2030 pour répondre aux besoins de la planification écologique et du renouvellement générationnel, dont 90% d’employés et d’ouvriers.

Les établissements d’enseignement supérieur s’adaptent déjà en proposant des formations spécifiques : un master en “management de la transition écologique et de l’économie circulaire” a vu le jour à l’institut Montpellier Management, tout comme le diplôme d’ingénieur “transition énergétique et territoires” à l’école des Ponts et Chaussées ou le BUT “Métiers de la Transition et de l’Efficacité Energétiques” à l’IUT de Cergy-Pontoise. Au niveau du lycée, les élèves peuvent suivre une seconde professionnelle des métiers des transitions numérique et énergétique par exemple.

La formation initiale ne suffira pas à relever les défis de la transition. Les entreprises doivent également investir dans le développement en compétences de leurs employés, en sensibilisant, en proposant des formations sur l’éthique, la gestion de projets durables, la compréhension des réglementations écologiques, etc. Une démarche qui permet non seulement de garantir l’employabilité des salariés, mais aussi d’assurer la compétitivité des entreprises.

Il appartient maintenant aux acteurs économiques, académiques et politiques de travailler ensemble pour permettre la transition écologique, en garantissant un impact négatif minimal sur les emplois et les carrières.

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