Comment redonner du sens au travail ?
Pendant plus d’un an, le Labo de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) s’est attachée à effectuer un travail collectif afin de mettre en lumière les initiatives locales et nationales sur les nouvelles formes d’emploi et en particulier l’apport de l’ESS à ces initiatives. Il ressort de ces travaux que l’ESS est source d’innovations sociales pour un emploi de qualité mais également qu’il faut consolider les parcours de vie pour que ces derniers trouvent leur chemin entre autonomie et protection collective.
Le salariat se dérègle, l’emploi se transforme
Ces travaux s’ouvrent sur un constat : le modèle du salariat se dérègle. Les auteurs notent que depuis quarante ans, l’emploi se précarise et touche aussi bien le salariat que le travail indépendant. Outre la précarisation, ils soulignent également que le visage de l’emploi se transforme. Certains actifs sont pluriactifs, d’autres optent pour des formes d’emploi hybrides. Quoi qu’il en soit, le Labo de l’ESS souligne que « le travail se dégrade » et qu’il est en perte de sens.
Plusieurs symptômes à ces maux : la mondialisation non régulée, la financiarisation mais également les bouleversements numériques majeurs que nous connaissons.
Les propositions formulées dans ces travaux émanent d’une analyse des formes d’emploi actuelles. Le Labo de l’ESS a classé en deux catégories ces formes d’emploi. D’un coté les « salariés stables » qui réunissent trois dimensions clé : le contrat, la protection et le collectif. Et de l’autre côté, les « formes d’emploi précaires ». Cette seconde catégorie contient aussi bien des travailleurs indépendants, se caractérisant par une protection minimale, des difficultés d’accès au logement et au crédit ou encore un risque d’isolement, que des salariés précaires (CDD, intérimaires, temps partiel subi…) qui sont souvent peu protégés, dont le travail est décrit comme dégradé et seuls dans leur travail.
Scop, tiers-lieux, CAE… Quelles nouvelles formes d’emploi pour redonner du sens au travail ?
Afin de répondre à ces difficultés, l’ESS propose d’expérimenter de nouvelles conciliations afin de trouver des modèles alliant un contrat stable avec toutes les protections nécessaires, mais offrant également la possibilité de s’insérer dans un collectif afin de redonner son sens au travail.
Parmi ces expérimentations :
- Les Coopératives d’Activité et d’Emploi : Plutôt que de créer sa propre structure, un nouvel entrepreneur peut rejoindre une coopérative d’activités et d’emplois (CAE). Il s’agit d’un regroupement économique solidaire de plusieurs entrepreneurs.
- Les Tiers-lieux collaboratifs ou associatif (notion introduite en 1989 par le sociologue américain Ray Oldenburg) renforcent les liens et la solidarité entre les actifs.
- L’Insertion par l’Activité Économique, qui permet aux personnes les plus éloignées de l’emploi, en raison de difficultés sociales et professionnelles particulières de bénéficier d’un accompagnement renforcé qui doit faciliter leur insertion professionnelle.
- Les Scop, qui proposent un nouveau modèle d’entreprise fondé sur le collectif. Les auteurs notent qu’aujourd’hui 2 300 Scop emploient 48 000 salariés.
- Les Scic, dont le fonctionnement est très proche de celui des SCOP : la gestion est démocratique et le mode de fonctionnement ne privilégie pas la lucrativité.
- Les Groupements d’Employeurs, qui sont l’une des formes d’exercice de la pluriactivité : les salariés du groupement d’employeurs effectuent des périodes de travail successives auprès de chacune des entreprises adhérentes au groupement.
- Les Pôles Territoriaux de Coopération Économique qui permettent de recréer des filières, des emplois et de revitaliser des territoires sinistrés socialement et économiquement.
Ces travaux sont riches en propositions visant à développer et valoriser ces nouvelles formes d’emploi. Les auteurs espèrent que ces initiatives structureront positivement la société de demain et répondront aux besoins des actifs d’allier autonomie et plus grande participation dans leur travail.
> Pour retrouver toutes les propositions du Labo de l’ESS
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