Éditorial : Trouver une place qui fait sens dans la société
Ce mois de novembre a été marqué par la mobilisation des gilets jaunes. Baisse des taxes sur les carburants, réductions de la TVA sur les aliments à 1%… In fine, les manifestants appellent le Gouvernement à donner la priorité au pouvoir d’achat. Mais derrière ces revendications, c’est la question fondamentale et déterminante du travail qui est posée.
Avec un taux de chômage de 9,1 % de la population active à la fin du troisième trimestre 2018, nous sommes dans une société qui connait des dysfonctionnements endémiques et culturels sur le marché du travail, qui durent depuis des décennies. L’offre de travail et la demande sont parfois en inadéquation. Les besoins des entreprises en matière de compétences, expertises et soft kills évoluent et elles ne trouvent pas toujours les talents recherchés. Déficit de compétence, faible attractivité de certains emplois… Ce fossé risque de se creuser à l’avenir car, nous le savons, nous ne connaissons pas la moitié des métiers de demain. C’est également la question du double abandon des territoires qui est posée. L’un est industriel et a mené/mène à des destructions d’emplois ; l’autre est numérique et empêche les citoyens d’accéder aux nouveaux emplois dans les territoires.
Pour ceux qui ont un emploi, la réalité n’est pas toujours rose non plus. Si « tout travail mérite salaire », la réalité, est que certains de nos concitoyens ont le sentiment qu’ils ne peuvent pas vivre de leur activité. La faiblesse de certains revenus couplée avec le sentiment d’isolement et d’abandon mène nécessairement à un risque de crise qui, n’ayons pas peur de l’écrire, peut réveiller les instincts les plus inacceptables.
Mais ce que souligne à l’évidence le mouvement des gilets jaunes, c’est qu’une partie d’entre nous se décourage face aux transformations à l’œuvre.
L’avenir n’est cependant pas si sombre. Le besoin de repartager l’ambition d’un destin collectif est urgent. Trouver une place qui fait sens dans la société n’est pas une simple utopie. C’est une réalité à l’œuvre dans les territoires et relayée par les innovations locales (tiers lieux, projets culturels, associatifs, économiques…) où les citoyens réussissent à trouver de nouvelles formes d’expression qui font sens et qui permettent de retrouver une dignité par l’activité et le collectif. Il est urgent d’encourager, de soutenir et de s’engager en faveur de ces initiatives.
Patrick Levy-Waitz, Président de la Fondation Travailler autrement
A lire également, la newsletter n°19 de la Fondation Travailler autrement